Le défi : lutter contre l’impunité pour les crimes internationaux
Le 20ème siècle a été marqué par des conflits armés et la commission de crimes qui ont choqué la conscience de l’humanité. A la suite de la Seconde guerre mondiale, les tribunaux militaires internationaux de Nuremberg et de Tokyo ont été établis afin de poursuivre les auteurs de crimes, et rompre avec le paradigme d’impunité qui avait caractérisé l’entre-guerres. Avec l’adoption de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide en 1948, qui prévoit l’établissement d’une juridiction pénale internationale, l’Assemblée générale des Nations Unies a invité la Commission du droit international à rédiger un projet de statuts pour une juridiction pénale internationale permanente chargée de poursuivre les auteurs de génocide et d’autres crimes de droit international.
Avec l’avènement de la Guerre froide, le projet de création d’un système de justice pénale internationale s’est trouvé gelé pendant plusieurs décennies. En 1989, avec la chute du mur de Berlin, l’Assemblée générale des Nations Unies, par une résolution introduite par le Premier Ministre de Trinidad-et-Tobago, M. ANR Robinson, et adoptée unanimement, a de nouveau demandé à la Commission du droit international de se pencher sur la création d’une juridiction pénale internationale. M. Robinson était alors membre du Comité exécutif de PGA, qui avait participé à la création du programme Droit international et droits humains.
Dans les années 90, le monde a de nouveau été secoué par les atrocités commises en ex-Yougoslavie et au Rwanda. Face à l’incapacité de la communauté internationale à mettre fin aux crimes, le Conseil de sécurité des Nations Unies a décidé en 1993 et 1994 d’établir un tribunal ad hoc pour chacune de ces situations. Ces évènements ont poussé la Commission du droit international à finaliser en 1994 un projet de statut d’une juridiction pénale internationale, qui a été soumis au comité ad hoc des Nations Unies sur la Cour pénale internationale en 1995. La même année, l’Italie a offert à l’Assemblée générale des Nations Unies d’accueillir une conférence diplomatique de plénipotentiaires sur l’adoption d’un statut pour une telle juridiction. L’Assemblée générale a accepté cette offre et créé un Comité préparatoire pour l’établissement d’une cour pénale internationale entre 1996 et 1998, qui a ensuite transmis un projet de Statut à la conférence diplomatique de Rome. La Conférence de Rome a eu lieu du 15 juin au 17 juillet 1998 et a culminé en l’adoption du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI), que le Secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan avait alors qualifié de « don d’espoir pour les générations futures ».
Le 17 juillet 1998, des représentants de 160 Etats ont adopté le Statut de Rome de la CPI. 120 ont voté pour, 7 contre, et 21 se sont abstenus, tandis que 12 Etats n’ont pas assisté au vote final, ayant eu lieu après minuit. Ce Statut a créé à la première cour internationale permanente et indépendante chargée d’enquêter et de poursuivre les auteurs des violations les plus graves de droit pénal international, droit international humanitaire et droits humains, soit : le génocide, les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre, et le crime d’agression.
Toutefois, les Etats continuent de jouer un rôle essentiel dans la poursuite des auteurs de crimes internationaux, dans la mesure où la CPI n’est pas une organisation supranationale mais une organisation internationale basée sur la coopération des Etats et entre Etats.
La CPI est une cour de dernier recours, et ne se substitue pas aux juridictions nationales. En vertu du Statut de Rome, la CPI ne peut intervenir que lorsqu’un Etat n’a pas la volonté ou la capacité de mener véritablement à bien des enquêtes et poursuites des crimes en question. De plus, la CPI ne dispose pas de ses propres forces de police, et se repose donc sur la coopération des Etats et entre les Etats pour ce qui est de l’arrestation et de la remise des suspects.
Les parlementaires ont un rôle essentiel à jouer afin de permettre au système établi par le Statut de Rome de la CPI de devenir réellement universel et efficace. Ils peuvent en effet utiliser leurs prérogatives législatives pour promouvoir la ratification du Statut de Rome et de ses amendements, la mise en œuvre du Statut en droit national, et la signature d’accords bilatéraux de coopération avec la CPI, ainsi que la ratification de l’Accord sur les privilèges et immunités (APIC). Le système du Statut de Rome n’a pas de composante parlementaire ; la campagne de PGA sur le système du Statut de Rome est donc conçue de façon à créer, développer et maintenir un réseau parlementaire international pour la CPI.
La réponse : la campagne sur le Statut de Rome de la CPI
En septembre 1998, PGA a lancé la campagne sur l’universalité et l’efficacité du système du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI). La ratification du Statut de Rome par le Ghana en 1999 a été le premier résultat concret de la campagne, atteint grâce aux efforts de l’Hon. Albin Bagbin, membre du Comité exécutif de PGA, qui a rédigé la législation de ratification et a demandé au gouvernement de la présenter au Parlement. En sa capacité de Président de la commission Affaires juridiques, Hon. Bagbin (Ghana) a été responsable du processus d’approbation accéléré, ce qui a permis au Ghana d’être le 4ème Etat à rejoindre le système du Statut de Rome.
La campagne a pour objectif de promouvoir une culture universelle de respect de l’Etat de droit, des droits humains et de la dignité humaine, en luttant contre l’impunité pour les crimes de génocide, crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes d’agression. Ces efforts s’inscrivent dans le cadre de l’Objectif de développement durable (ODD) 16, notamment la cible 16.3 par laquelle les Etats s’engagent à « promouvoir l’Etat de droit aux niveaux national et international et donner à tous accès à la justice dans des conditions d’égalité ».
Afin d’atteindre cet objectif, la campagne sur le Statut de Rome de la CPI se concentre sur :
- Promouvoir l’universalité du système du Statut de Rome de la CPI par la ratification/accession universelle du Statut et de ses amendements, dont les amendements adoptés à Kampala en 2010.
- Promouvoir l’efficacité du système du Statut de Rome à travers une mise en œuvre pleine et entière dans les cadres juridiques nationaux, dont :
- La mise en œuvre du principe de complémentarité, dont la définition des crimes et des principes généraux de droit international pénal contenus dans le Statut de Rome ;
- La mise en œuvre de mécanismes de coopération afin que la CPI puisse remplir son mandat, ainsi que la négociation et la signature d’accords de coopération entre la CPI et les Etats ;
- La protection de l’intégrité du système établi par le Statut de Rome et l’indépendant et impartialité de la Cour.
Stratégie sur mesure
Le Secrétariat de PGA travaille avec des parlementaires aux niveaux national, régional et international afin d’adapter les efforts de la campagne aux besoins spécifiques de chaque pays, groupe de pays ou région.
-
Pays cibles
PGA utilise une méthodologie « pair à pair » afin de susciter un soutien à la ratification et mise en œuvre du Statut de Rome et d’autres initiatives de lutte contre l’impunité et de renforcement de l’accès à la justice des victimes, dans un nombre de pays cibles où les parlementaires peuvent avoir un rôle clef. -
Groupes de travail régionaux
PGA organise des consultations politiques, juridiques et stratégiques à huis close, avec des parlementaires sélectionnés au sein de régions spécifiques. Des experts et représentants de la CPI sont invité à assister et participer à des discussions interactives. Ces groupes de travail sont :- Groupe de travail Asie-Pacifique
- Groupe de travail Afrique
- Groupe de travail Amérique latine
- Groupe de travail Moyen-Orient et Afrique du Nord
- Parlements régionaux
Les membres de PGA et du Secrétariat suivent également les développements et, si possible, assistent et mobilisent les parlements régionaux suivants : - Fora multilatéraux
Au niveau international, les membres de PGA et du Secrétariat suivent les développements et, si possible, assistent et mobilisent les fora multilatéraux suivants : -
Assemblée consultative des parlementaires sur la CPI et l’Etat de droit (ACP-CPI)
La ACP-CPI de PGA est organisé tous les deux ans et est la seule réunion parlementaire internationale sur la CPI. Cela représente offre à plusieurs centaines de parlementaires issus de tous les continents une opportunité unique de discuter et définir des stratégies en faveur du système du Statut de Rome de la CPI.
Publication

Guide parlementaire sur la Cour pénale internationale
It is imperative that the Rome Statute be ratified universally for the successful functioning of the Court. Parliamentarians should ensure that the ICC is truly universal.
Description
Créée par le Statut de Rome, la Cour pénale internationale (CPI) est la première juridiction internationale permanente et indépendante capable de poursuivre et de juger les individus ayant commis les violations les plus graves du droit international pénal, du droit international humanitaire et des droits humains.
Le Statut de Rome définit les crimes relevant de la compétence de la Cour et détaille les principes généraux et procédures applicables devant la Cour. Il définit également les obligations de coopération des États parties. La ratification universelle du Statut de Rome est une condition essentielle au bon fonctionnement de la Cour. Les parlementaires devraient ainsi s’assurer que la CPI soit réellement universelle.
PDF(s)
Additional Details
- Type de publication: Toolkit
- Auteur.e.s: Parliamentarians for Global Action

État du système du Statut de Rome
La Cour pénale internationale (CPI) en trois minutes
PGA a commémoré, en juillet 2023, le 25e anniversaire de l’adoption du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI)
Déclaration parlementaire mondiale en soutien à la Cour pénale internationale
Nous demandons urgemment à tous les membres des parlements à signer cette déclaration dans une démonstration puissante de solidarité mondiale avec la CPI.




