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Evitons le Piège de la Discrimination et de l’Intolérance

Prof. Simon-Pierre Iyananio, Député honoraire de la République Démocratique du Congo

  • Prof. Simon-Pierre IYANANIO, Député honoraire

    (République Démocratique du Congo)

Durant mon mandat de député à l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo (2019-2023), j’ai eu à présider la commission permanente des droits de l’homme. A ce titre, j’ai été confronté à la question des minorités en général, à celle des LGBTQ+ en particulier. Nombre de mes collègues députés étaient pour le moins allergiques à l’idée d’accepter l’existence des homosexuels dans la ville de Kinshasa, alors que j’avais plusieurs fois été interpellés par des responsables d’une organisation dénommée OASIS regroupant des homosexuels Congolais. Pour beaucoup de mes collègues députés nationaux, inscrire les LGBTQ+ sur la liste des minorités à protéger était une quasi-déclaration de guerre. La raison souvent avancée était que l’homosexualité est une pratique contraire aux cultures africaines et aux Saintes Ecritures. Elle est considérée comme une déviation, une dépravation morale que les Occidentaux, devenus athées, chercheraient à imposer aux Africains. J’avoue que j’avais un avis similaire avant de rencontrer les membres d’OASIS et de m’imprégner de leur situation.

Comme panafricain, le vote et la promulgation de la loi criminalisant l’homosexualité en Ouganda en 2023 et le vote d’une loi similaire par les députés Ghanéens en février 204 m’obligent à prendre la parole, pour appeler l’Afrique à la modération et surtout à la justice. Ces deux lois clairement discriminatoires interpellent les parlementaires Africains et tous les défenseurs des droits humains en général.

En ma qualité de chrétien catholique pratiquant et de docteur en théologie ; tirant les conclusions de multiples échanges que j’ai eus avec des LGBTQ+ et avec des collègues parlementaires en Ouganda, au Kenya et en Afrique du Sud, j’appelle à éviter le piège de la discrimination et de l’intolérance en tirant les leçons de l’histoire. 

En effet, qu’il s’agisse de la traite des personnes, de l’esclavage, de la colonisation, de l’apartheid ou de la discrimination qui continue envers les femmes, c’est toujours avec des arguments d’ordre religieux et culturel que des humains ont chaque fois cherché à dominer, à exploiter, à exclure ou à maltraiter d’autres humains. L’Afrique noire a payé un grand prix des violations des droits et d’atteintes à la dignité humaine organisées ou soutenues par des personnes qui le faisaient au nom de la foi en Dieu et au nom des valeurs culturelles à protéger. Avec le temps, nous comprenons que ces discriminations étaient injustifiées, mais le mal avait déjà été commis.

Pour ne pas répéter les erreurs du passé, j’invite mes sœurs et mes frères Africains à savoir relativiser nos certitudes, chaque fois que les droits humains et la dignité humaine sont en jeu, comme dans le traitement de la question des LGBTQ+. L’histoire en général, celle de l’Afrique noire en particulier, a montré que c’est souvent lorsqu’ils se trompent en étant convaincus de bien faire que les humains commettent l’irréparable.

Nous ne sommes pas obligés d’être d’accord avec les LGBTQ+ mais nous avons l’obligation de les respecter dans leur dignité, de les écouter et de ne jamais oublier que, comme nous tous, ils ont été créés par Dieu, à son image et à sa ressemblance. Certains sont nés avec deux sexes ou ont une orientation sexuelle différente du sexe qu’ils portent. Si nous considérons qu’ils ont été créés par Dieu, qui sommes-nous pour condamner ou chercher à corriger le Bon Dieu ? Pourquoi vouloir modifier par des lois humaines ce qui est du domaine de « la mécanique biologique » voulue par le créateur ? Est-ce responsable et juste, pour des législateurs, de continuer à nier la souffrance des milliers de citoyens dont le seul crime serait de vouloir vivre tel que Dieu les a créés ?

Je me souviens, dans les années 1970, d’un collègue de classe à l’école primaire dont l’enseignant fouettait et ligotait souvent la main gauche, pour l’obliger à écrire avec la main droite. A l’époque, écrire avec la main gauche était perçu comme une malédiction, religieusement et culturellement inacceptable. Que d’humiliations subies, que de souffrances physiques, que de traumatismes endurés injustement par ce collègue et d’autres gauchers, leur seul crime étant d’avoir un « défaut de fabrication » que les bien-pensants de l’époque trouvaient inacceptable.

Une Afrique longtemps victime de l’intolérance religieuse et culturelle devrait être plus sensible, plus attentive aux minorités, y compris les LGBTQ+, en évitant le piège de l’intolérance et de la discrimination. Au 21e siècle, une relation sexuelle entre adultes consentants ne devrait pas conduire à l’emprisonnement ou à la mort. Ceci est d’autant plus vrai que nous vivons dans des Etats laïcs, où les convictions et les pratiques religieuses relèvent de la vie privée de chaque citoyen. En RDC comme en Ouganda et au Ghana, les Constitutions de nos pays protègent les citoyens contre toute discrimination de sexe, de religion ou autre. Dans un Etat-nation, le vivre-ensemble et la santé démocratique sont tributaires du respect que tous les citoyens, surtout ceux votent les lois et qui gouvernent la nation, ont du pacte républicain contenu dans la Constitution. Tout zèle religieux, tout calcul populiste contre les droits constitutionnellement reconnus à certains citoyens est donc une grave menace à la vie démocratique.

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Photo by chris robert on Unsplash

Pour éviter de répéter les erreurs du passé, j'invite mes sœurs et frères africains à savoir relativiser nos certitudes, chaque fois que les droits de l'homme et la dignité humaine sont en jeu, comme dans le traitement de la question LGBTQ+.

Wgsohne, CC BY-SA 3.0 , via Wikimedia Commons

If signed into law by the President of Ghana, the Promotion of Human Sexual Rights and Family Values Bill of 2021, will potentially have a devastating impact on human rights, democracy and economic development.

Ghana WebTV

The bill is in contravention to the Ghanaian Constitution, which protects the rights of all persons to equality and non-discrimination, to freedom of expression, freedom of association and privacy.

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